Séjour SESEP MUTWENZY novembre 2022
Elisabeth Keroullé Kinésithérapeute – Blandine Rombauts pédiatre
Nous sommes accueillies à l’aéroport par frère Phocas, directeur de l’IMP de Mutwenzy et par frère Canésius, avec lesquels nous rencontrerons Douce et Eric, enseignants à la nouvelle école de kinésithérapie de Bujumbura. Nous projetons de faire, ensemble, une session de formation sur à la paralysie cérébrale aux kinésithérapeutes du pays.
Nous entamons le trajet vers Gitega avant la tombée de la nuit car la route est difficile; montée jusqu’au col de Bugarama, 2200 mètres d’altitude. Nous frémissons de peur et d’admiration devant les grappes de cyclistes accrochées à l’arrière des camions. Puis jolie descente, au milieu des eucalyptus, jusqu’à Mutwenzy. Cette fois ci, nous serons logées au séminaire qui jouxte le centre de rééducation.
La semaine de travail, commence par l’observation des enfants “pilotes” que nous
voyons à chaque mission avec l’équipe locale pluriprofessionnelle. Nous observons leur évolution et leurs prises en charge rééducatives et éducatives. Nous pouvons ainsi constater ce qui a été compris, pris en compte, des formations délivrées l’année passée lors de la mission surplace et lors des rencontres mensuelles en visioconférence. C’est avec une grande satisfaction que nous rencontrons Milline, en intégration, dans l‘école du quartier. Elle est parfaitement intégrée, ses résultats scolaires sont satisfaisants, Elle est épanouie au milieu de ses 66 camarades de classe !
Trois nouveaux enfants seront présentés, afin d’être à leur tour “sujet d’enseignement”. Nous faisons le point sur l’histoire de leur maladie, leur état général, leur atteinte neuro motrice, leur besoin en soin et en rééducation, leur capacités cognitives. Elisabeth affine avec les rééducateurs les indications et les techniques de rééducation pour la motricité globale, pour la motricité fine, pour l’évaluation des capacités d’apprentissage. Blandine échange avec le docteur Jean Marie, médecin généraliste, avide d’enrichir ses connaissances; hypothèses diagnostiques, traitement de l’épilepsie, prévention des fausses routes, rôle d’un médecin dans un IMP, correspondants locaux spécialisés (quasi inexistants dans le pays…). Nous examinons ensemble plusieurs enfants qui lui posent problème.
Nous avons aussi de nombreux et riches échanges avec Télesphore qui est psychologue et commence à réaliser des bilans cognitifs, encore bénévolement car n’a pu être engagé au centre. Il est passionné mais manque d’outils. Les tests européens sont peu adaptés au contexte Burundais. Les enfants ne vivent pas de la même façon que les petits français; là où ici ils vont gambader dans les collines, chercher de l’eau à la rivière, loin de chez eux, de façon très autonome, les autres sont plongés dans les livres, les coloriages, les jeux de constructions etc… Ils n’ont pas les mêmes aptitudes et ne peuvent réussirent les même tests.
En fin de séjour nous réfléchissons à également orienter nos actions de formation auprès de professionnels de santé ayant bénéficié d’un enseignement universitaire afin qu’ils puissent se spécialiser sur les problématiques des enfants paralysés cérébraux.